Etre son propre enseignant dans les Asanas

Posté le Posté dans Théories Des Pratiques

L’ AUTO AJUSTEMENT DANS LES ASANAS

– 1 –Définition : un Asana juste

Yoga Sutra II 46 47 48
Quoi ? L’Asana sera stable et aisée
Comment ? En pratiquant sans effort et en laissant l’esprit se fondre avec ce qui n’a pas de fin.
Pourquoi ? Alors le jeu des opposés n’affecte plus le pratiquant

L’âsana serait une assise, une posture ou une manière d’être (stable et joyeuse), qui n’est pas perturbé par la dualité,
grâce à l’abandon de toutes tentatives volontaire et sous l’influence du mouvement de réintégration (vers l’unité).

BKS Iyengar dit que « Lorsqu’un Asana est correctement exécuté, les dualités entre le corps et le mental, le mental et l’âme, disparaissent. C’est ce que l’on appelle repos dans la pose, réflexion dans l’action. »
Il dit aussi qu’un Asana peut être défini comme l’art de mettre l’ensemble du corps dans une position physique, mentale et spirituelle.
Chaque posture est l’expression d’un archétype, contenu dans son nom ; en pratiquant divers Asanas le Yogi fait prendre à son corps la forme de divers créatures, se réfère à des héros ou des sages, il connaît ainsi la création et trouve l’unité dans l’universel.

Eric Baret les nomme des « événements cosmiques ».Il décrit l’Asana comme un prétexte à observer ses limites, les accueillir et permettre à l’inconditionné, à l’illimité de se manifester. Il explique que les Asanas vident les articulations et les muscles de leurs défenses, de leurs mémoires et restituent au corps sa transparence. Alors le corps est ouvert, libre, il peut s’immerger dans le silence, l’unité.

Chaque Asana à cause de la détente de certains muscles et de la contraction d’autres muscles, de la compression de certaines zones du corps et de l’étirement d’autres zones, de la mobilisation de certaines articulations et de la mise au repos d’autres articulations, de l’alignement de certains « chakras », du contact de certains « nadis », a des effets énergétiques particuliers.
Les asanas permettent au flux vital de circuler librement dans le corps ; ils sont aussi l’expression de cette même énergie sous des formes divers.
Dans la tradition Tantrique c’est l’énergie qui suggère la posture.

Concrètement les postures ont des dimensions énergétique, psychoaffective, intellectuelle, physiologique et physique.
L’asana sera juste si il est effectué harmonieusement dans toutes ses dimensions.

Quelques clefs pour la réalisation des Asanas
PHYSIQUE
Respect scrupuleux du schéma postural de l’Asana (structure externe de l’asana, sa forme) adapté au corps de chacun
Utilisation correcte des appuis au sol
Mobilisation et détente musculaire appropriée

PHYSIOLOGIQUE
Respect des alignements de l’Asana, placement organique (structure interne)
Etat de santé organique suffisant
Utilisation des Bandha
Respiration adaptée

INTELLECTUELLE
Attention portée sur la réalisation de la posture
Etat d’esprit neuf, ouvert, sans a priori ni jugements
Observation et action simultanément, focalisation
Curiosité, envie de découvrir
Honnêteté, discipline, vigilance
Actualisation de Yama

PSYCHOAFFECTIVE
Détachement par rapport aux émotions
Accueil des perturbations
Calme
Actualisation de Niyama

ENERGETIQUE
Sensibilité aux évocations symboliques de la posture
Réalisation des Bandha et des Dhristhi
Ecoute du souffle
intuition

– 2 –Critères d’ajustements d’un Asana :

Les 3 phases de la posture :
accéder à la posture, maintenir la posture, sortir de la posture.

– Accéder à la posture
On entre dans une posture autant avec son mental qu’avec son corps.
L’état d’esprit avec lequel on abordera la pose conditionnera sa réalisation.
On peux avoir peur, projeter de l’ennui, être réticent ……. en fonction du vécu de cette posture ou de l’image que l’on en a.
L’idéal serait d’aborder l’Asana comme une expérience neuve.

Le corps doit se glisser harmonieusement dans la pose, à la manière d’un chat.
Si les points d’appuis ne sont pas positionnés correctement au départ il sera souvent impossible de les modifier sans détruire complètement la posture.
Pendant l’approche la respiration doit soutenir, aider les mouvements par sa régularité et sa puissance.
La vitesse d’entrée dans un Asana doit être adaptée au niveau du pratiquant, en augmentant le compte du Vinyasa.
Le regard à ce moment est essentiel : les muscles oculaires sont en relation avec tout l’appareil musculaire, et des mouvements parasites anarchiques se traduisent par une fragmentation des mouvement du corps.

L’esprit ayant envisagé la posture, le corps construira la pose en commençant par les points d’appuis, puis en mettant en place le bassin, le buste, la tête, puis organisera les articulations afférentes, en prenant soin de n’utiliser que les muscles nécessaires et de coordonner la respiration.

– Maintenir la posture
Une fois l’aspect « faire » achevé la posture en elle-même commence.
Maintenir la posture est une phase totalement statique. C’est dans l’immobilité totale que peut se créer la circulation du souffle, la circulation psycho mentale, de la conscience, c’est à ce moment la que l’on pourra ressentir les effets de l’Asana.
Cela nécessite une détente des muscles inutiles au maintient de l’équilibre et une juste tension et non une crispation des muscles utilisés.
Pendant la phase d’apprentissage, c’est à ce stade que l’on pourra découvrir les déséquilibres, les douleurs, les inconforts, les tensions qui une fois observés, analysés, réfléchies servirons à corriger la posture.
Au début la posture doit être adaptée au corps et au mental du pratiquant (et non l’inverse) dans le cadre de sa structure ; après avoir passé du temps dans la pose, le corps sera façonné par elle et le corps s’adaptera à l’Asana.
C’est à travers un certain corps, qui a une histoire, des blocages, des « nœuds »,des anciennes blessures……..que le schéma archétypal de l’Asana doit s’exprimer sans contrainte, sans à prioris et petit à petit guérir, réparer,libérer pour s’actualiser pleinement.
C’est avant tout les sensations qui guideront l’ajustement pendant cette phase.
En réfléchissant sur quelle partie du corps travaille, quelle partie s’étire, quelle partie est détendue, l’intelligence touche chaque partie du corps.
La sensibilité augmente, le mental et le corps s’unissent.
La respiration est évidement essentiel. Elle porte la sensibilité, aide à la détente. Sa régularité et sa profondeur unie, harmonise, vivifie.

– Sortir de la posture
En maintenant l’Asana, il s’est crée une conscience, un état de sensibilité, un processus.
Comment en revenant ne pas perdre les effets de l’Asana ?
Comme pour accéder à la pose, la fluidité, le respect scrupuleux du Vinyasa, une vitesse adaptée est essentielle.
Sortir de la pose en s’écroulant, se cognant, en étant déséquilibré détruira les effets de l’asana.
Il ne faut ni s’enfuir, ni se débarrasser d’un Asana ni avoir l’esprit déjà omnubilé par le suivant. L’esprit doit toujours être conscient des mouvements du corps.
Le Vinyasa effectué avec profondeur videra les articulations et les muscles des éventuelles défenses, restituera au corps sa disponibilité, et permettra l’intégration des événements de la posture.
Dans le Vinyasa « complet » le retour à la verticalité, est une technique pour résorber la posture dans l’unité, ramener le corps à la neutralité et la préparer ainsi à accéder à la pose suivante.

Ces trois étapes doivent réaliser une unité harmonieuse, sans rupture, ni maladresse.

Conclusion
Sur le chemin de l’Asana il y a plusieurs niveaux.
Tout d’abord il y a la découverte de la pose, l’effort de mémorisation, ou l’on peut déjà essayer de reconnaître la structure de l’Asana.
Puis il y a le processus d’accoutumance à l’Asana et la découverte des sensations.
Puis le mentale analyse, observe, ce que ressent le corps.
Enfin la sensation globale de l’Asana qui se réalise.
Dans la tradition, le processus global d’intégration d’un Asana se fait avec l’aide d’un Guru.
Mais on peut évoluer dans les Asanas grâce à un professeur et en s’auto ajustant.

L’auto ajustement est tout d’abord un état d’esprit : il nécessite détermination, vigilance et application. C’est un état d’auto réflexion sans concession.
On doit être son propre enseignant à la fois intransigeant et bienveillant.
Avant, pendant et après chaque pose, il sera nécessaire de réaliser un « Check up » de son corps : mes appuis sont-ils corrects ? Comment est placé mon bassin ? Mes articulations de ma jambe droite sont dans l’axe ? Y a-t-il une rupture dans la ligne épaule, coude, poignet ? Où en est mon Mulha Bandha ? Mes mâchoires sont elles détendues ? Et mon regard est correct ? ………………etc. jusqu’à ce que cela devienne conscience du corps dans sa globalité et dans toutes ses parties.
L’auto ajustement c’est amener la conscience dans le corps.
Et c’est aussi étudier les postures, les concepts utilisés dans le Yoga et nourrir sa pratique de ses recherches de ses lectures de ses analyses de ses réflexions en se les remémorant aux moments opportuns.